Didier Awadi

Samedi 16 septembre 2006 - 22h15
Scène Des Musiques Du Monde - Fête de l'Humanité

Awadi, un rap novateur pour des idées fortes.
L'une des icônes du rap africain arrive à la Fête avec des chansons engagées et des rythmes endiablés.

Son message est fort, clair et fait vibrer aujourd'hui toute l'Afrique de l'Ouest. Inutile d'écouter sa musique en boucle pour comprendre ses intentions. Didier Awadi prend les problèmes du monde à bras-le-corp et les dépeint par un style vif et des vers corrosifs. Le titre de son deuxième album, Un autre monde est possible, sorti en 2005, résume en un cri les innombrables dénonciations, critiques acerbes et appels au sens de la responsabilité. Mêlés à quelques sonorités africaine traditionnelles, les textes engagés et l'ambiance hip-hip-R'n'B offre une musique plurielle et font du rappeur une signature singulière. « Le monde est ce qu'on en fait, regarde ce qu'ils en font », scande-t-il comme un leitmotiv.

Corruption politique, inégalités sociales, manque d'humanisme sont la tête de liste des brocards de l'artiste. Les instruments, nombreux, variés, sont autant de frondes lançant les mots les plus virulents contre les maux du monde les plus persistants. Face à la vente d'armes, à la crise endémique en Somalie, il n'hésite pas à accuser les États-Unis « de complot contre l'humanité ». En alliant pertinence et impertinence, l'artiste fustige non seulement par un ton cinglant les plus inadmissibles inégalités, mais milite aussi pour une prise en main par les africains de leur propre destin. Pour faire enfin vaciller leur status de victime des règles internationales, Didier Awadi prône la sensibilisation, la lutte contre l'ignorance et veut mettre un terme aux illusions, en s'adressant aux « jeunes qui rêvent de sortir du pays. », en quête d'un inaccessible eldorado hexagonal. Il encourage vivement les uns, critique sans retenue les autres, sans tomber dans une litanie pessimiste et peu constructive. Le rappeur voit des solutions, propose, interpelle, utilisant les forums sociaux, les festivals et ses albums comme autant de tribunes d'expression.

Pionnier du mouvement rap au Sénégal, Didier Awadi fonde en 1989 le groupe Positive Black Soul avec Doug-E-Tee (Amadou Barry), et connaît son premier gros succès avec la sortie de l'album Boum Fallé en 1994. Il entame une carrière solo en 2002 en sortant Kaddu Gor (Parole d'honneur) qui le récompensera du prix RFI Musique du monde l'année suivante. En créant une société qui produit des émissions de télévision sur le rap pour l'une des deux chaînes nationnales, il continue d'étendre son influence en gardant un seul objectif en tête : bouleverser les mentalités.

Mathieu Neu